La déscolarisation (2/2)

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La base

Votre choix est fait! L’aventure vous tente. Vous effraie peut-être un peu aussi. C’est tout à fait normal quand on se lance dans le vide. Ou peut-être que vous avez déjà commencé les apprentissages en famille. Puis, vous faites face à des difficultés. Vous vous sentez bloqués. Dépassés. Perdus. Découragés. Et vous voulez reprendre la route du bon pied. C’est le temps d’entamer la déscolarisation.

Peu importe la raison. Peu importe si tout ça est nouveau. Ou dans la continuité. Même après des années, parfois, les vieux mécanismes se repointent le bout du nez. Personne n’est à l’abri. La déscolarisation fait partie des apprentissages en famille, c’est plus intense en début de parcours mais c’est toujours là.

La première chose à faire: un conseil de famille. Annoncer dès le départ que tout le monde devra s’ajuster et se faire confiance. Que ce qui était pris pour acquis au niveau des apprentissages vivra une turbulence. Il faut que tous prennent conscience que la transition, dans toute son instabilité, permettra, en bout de ligne, de vivre une expérience taillée sur mesure…en autant que chacun y mette du sien. Confiance et communication sont les mots d’ordre!

Ne partez pas en peur!

Entrer dans le merveilleux monde de l’école à la maison c’est aussi ouvrir la boîte Pandore des ressources éducatives. Avant d’y perdre votre âme (et beaucoup d’argent!!!), faites l’inventaire de ce que vous avez déjà et de ce que vous avez envie d’explorer. Votre maison et votre entourage regorgent déjà d’outils offrant de nombreuses possibilités, utilisez-les. Apprenez à vous connaître à travers ces découvertes de façon à ce que vous soyez en mesure, une fois le moment venu, de faire des choix pertinents et éclairés.

Exploiter les ressources en ligne, les bibliothèques, échangez du matériel avec des amis. Fréquentez les centres culturels, les musées et les festivals. Découvrez les espaces verts autour de vous. Envahissez la cuisine. Faites un jardin. Tout ça ne coûte rien ou presque mais vaut une mine d’or dans la définition de ce que représente VOTRE école-maison.

Se soutenir.

Trouvez un groupe de soutien de familles faisant l’école à la maison est aussi une bonne garantie. S’entourer de gens qui comprennent ce que notre famille vit et qui nous offrent une bonne dose d’inspiration quand on est essoufflés est important. Même si on fait un choix marginal, ça ne veut pas dire que l’on doit parcourir le chemin seul. Ça signifie seulement que l’on choisit de prendre les chemins qui nous interpellent au rythme qui nous convient pour se rendre à une destination commune.

Les groupes de soutien sont aussi une bonne façon de sortir de l’isolement et de vivre des expériences uniques, au contact de gens passionnants et différents.

Une partie d’un tout.

Vos apprentissages doivent s’insérer dans votre quotidien. Pas nécessaire de tout coincer ou de tout chambouler. Dessiner, créer votre nouvelle vie en tenant compte de ce qui compose vos journées et de ce que vous voulez y intégrer. Vos apprentissages doivent s’insérer dans vos vies et non pas en prendre le contrôle.

Alternez vos activités. Obligations et plaisir. Activités intellectuelles et sportives. Intérieures et extérieures. Art et sciences. Individuelles, en famille et en groupe. Cherchez votre équilibre, testez-le et imposez-le.

Voir plus grand.

Si vous en avez la chance, incluez la famille élargie et le voisinage dans votre aventure. D’un côté, les anxieux seront rassurés, les sceptiques seront probablement confondus. De l’autre, votre famille se sentira peut-être moins marginalisée. Il n’y a rien comme le fait de ne pas connaître quelque chose ou quelqu’un pour que l’on se fasse des idées, que l’on imagine de fausses réalités.

En période de déscolarisation, une des facettes qui peuvent s’avérer difficiles à gérer est l’appartenance. Les jeunes qui sont allés à l’école sont habitués d’appartenir à un groupe, de s’y identifier. Et les parents, eux, sont attachés à leurs collègues de travail ou leur réseau social. Il ne faut pas détricoter ce réseau mais bien tisser des liens forts entre les différentes réalités. Il faut accepter les interrogations et éduquer les autres dans la mesure de notre confort. Même si c’est lourd parfois. De là l’importance d’avoir aussi un réseau de familles qui ont fait le même choix éducatif que nous en parallèle.

La déscolarisation, parents en tête.

Les enfants sont assez souvent impressionnants quand vient le temps de devoir s’adapter. Ils vivent assez bien les changements en autant qu’on soit attentifs à leurs besoins. Mais pour nous, parents, la déscolarisation, le processus de déconstruction de nos mécanismes et de notre pensée forgés par le système dans lequel on a grandi est un travail intense et de longue haleine. Au moindre doute, au moindre obstacle, nos peurs et rigidités menacent de faire surface. La peur est un ennemi de tout projet d’apprentissage. Elle paralyse et brouille souvent nos plus belles idées…malgré nos bonnes intentions. Investissez sur vous autant, sinon plus, que sur le reste. Vous n’êtes pas l’enseignant de vos enfants mais leur parent…un parent tout particulier qui a décidé de se réapproprier l’éducation de ses enfants. C’est une grande responsabilité et mais surtout une magnifique opportunité.

Repenser notre vision de l’éducation

Les questionnements. Ils sont omniprésents. Récurrents. On ne s’en sauve pas. N’hésitez pas à les inscrire dans votre agenda ou de vous faire un journal. Vous pourrez saisir le chemin parcouru en relisant vos pensées de temps à autres. C’est souvent difficile de constater notre propre évolution.

Allez-vous faire une salle de classe dans la maison? Quelle pédagogie/philosophie éducative allez-vous utiliser? Un horaire? Combien d’heures par jour? Et les activités parascolaires…

Comment faire pour savoir si mes enfants sont en retard? Mon enfant est-il surdoué? Et si mon enfant refuse de travailler? Est-ce que je dois récompenser les bons comportements? Examens ou portfolio? Est-ce que je devrais aller consulter des spécialistes?

Par coeur ou pas? À quel âge mon enfant devrait lire? Est-ce que je suis assez? Et si je suis déçue? Que je n’y arrivais pas? Vais-je gâcher l’avenir de mes enfants? Et si c’était MON rêve et pas le leur..?

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises questions. En fait oui, il y a de mauvaises questions…celles qu’on se refusent le droit de se poser. Ce sont ces questionnements et les réflexions qui s’ensuivront qui feront de vous un parent-éducateur parfait pour VOTRE ENFANT. Un parent en confiance avec sa vision de l’éducation et capable de la défendre. Un parent qui accepte de plonger, de vivre la déscolarisation aux côtés de ses enfants. Ne les ignorez pas!

Repenser notre vision de l’apprentissage.

Tous les concepts qui nous retiennent, tous les cadres qui nous ont transportés durant nos années de scolarité avaient leur raison d’être. Ces limites et structures faisaient en sorte que l’unité et l’uniformité du système étaient préservées. Du moins, c’était l’objectif.

Dans un contexte d’école-maison, où l’accompagnement est à la fois personnalisé et proximal, ces « indispensables » perdent leur place rapidement. La déscolarisation des parents sert, justement, à briser le moule maintenant rendu désuet. À quoi bon s’obstiner éperdument à chercher une réponse quand le corrigé peut nous la donner…nous savons pertinemment que si on y a recours c’est que les notions ne sont pas complètement maîtriser. On continue…ou on y revient. C’est pas plus compliqué que ça. L’important, c’est la progression. On ne souhaite pas une linéarité non plus. C’est même néfaste, limitatif, dans le contexte. Les progressions purement chronologiques sont idéales en contexte scolaire parce qu’elles assurent que tous vont au même endroit. En école-maison, les apprentissages satellites donnent un tout autre sens à l’aventure. C’est beau, pratiquement tout le monde s’entend là-dessus…il faut juste apprendre à être confortable avec cette nouvelle façon de faire et de voir.

L’école à la maison est une porte ouverte sur la redéfinition dans le temps, l’espace et les moyens de ce que peut être l’éducation. C’est une chance à ne pas manquer! Ne vous laissez pas imposer des limites par un curriculum, si bien cotté soit-il, ou encore par un horaire prédéfini qui, semble-t-il, fait des miracles dans certaines familles. Faites l’effort de ne pas laisser les limites s’imposer sans que vous ayez validé si elles vous conviennent. Vous êtes une famille, pas une école…profitez-en!

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