Flashback.
J’ai été longtemps partie. Je me suis éclipsée. Un peu volontairement. Un peu involontairement. J’ai repris mon souffle. C’était nécessaire. Je cherchais mon air. J’avais besoin de m’éclaircir les idées. D’oxygéner mon esprit et mon corps en profondeur. De dissiper le brouillard.
Maintenant.
Et je reviens. D’un long voyage. Intérieur, certes. Mais j’ai tout de même l’impression d’avoir franchi une distance impressionnante. J’ai l’impression de m’être perdue, retrouvée. De m’être connue. Ou reconnue. Je ne saurais trop dire exactement. Mais une chose est certaine, à travers ce voyage, qui était d’abord celui d’un autre, j’ai grandi. Beaucoup grandi.
Arts et lettres.
Il y a de ces lettres qui font peur. Chez nous elles se groupent ainsi: TDAH. Elles nous font peur car elles font partie d’un des piliers de la famille, Papa. Elles font peur parce qu’elle sont le reflet de ce qui fait de mon amoureux ce qu’il est professionnellement. Son art est teinté des caractéristiques du TDAH, un éclectisme, une surcharge, une décomposition (harmonieuse) du monde aussi. Mon amoureux exprime par son art SA vision si unique du monde. Et je l’aime. Et beaucoup d’autres l’aiment aussi. Mais…
La vie n’est pas une oeuvre d’art.
La vie d’aujourd’hui comporte son lot de contraintes..et de possibilités. On a la nécessité de produire, d’être productif. La lenteur n’est pas un luxe que tout le monde peut se permettre. En fait, notre vie ne nous le permet pas trop. Nous sommes des individus, des parents, des amoureux, des artistes professionnels. Nous avons des rêves et des objectifs. Nous avons des comptes à rendre, des demandes à honorer. Comme plusieurs d’entre vous je suppose. Je rêve d’une vie où celui que j’aime serait apprécié à sa juste valeur. Une vie où il pourrait offrir le meilleur de lui-même. Une vie où chacun, vous comme lui et moi, pourrions enrichir la société de nos particularités personnelles. Je sais. Je rêve un peu fort, là.
Cercle vicieux.
Et vient la ronde des diagnostiques. Je ne saurais dire, personnellement l’importance que je lui accorde. Pour moi, peu importe qu’il y ait diagnostique ou pas, ce qui prime à mes yeux est d’abord une bonne connaissance de soi. De ses forces. De ses faiblesses. De ses besoins, aussi. Une connaissance de soi qui permet de s’outiller et de rayonner. Une connaissance de soi qui mène à une meilleure estime de soi. Car, c’est là que, bien souvent, le bas blesse.
Uniformité.
En exigeant uniformément on détruit la couleur des gens que l’on côtoye. En demandant la même chose à tous, on s’appauvrit en tant que socitété. On stérilise la créativité. Le développement. L’évolution. En brimant les échanges, on détruit les possibilités d’ouverture. On développe des peurs non fondées face à l’autre.
De façon plus vicieuse, en étiquettant bêtement, j’ai peur que l’on accentue la dévalorisation de la personne. Que l’on objectivise l’humain. Qu’on réduise à un diagnostique un individu. Qu’on l’embarre dans un monde limité ou il aura peine à s’exprimer. À briller. À partager. À s’impliquer.
Il n’y en aura pas de facile.
Les problèmes d’estime de soi, de dévalorisation, d’échecs successifs peuvent mener à des endroits bien sombres. Des endroits malheureusement trop fréquentés cependant. L’angoisse. L’anxiété. Les dépendances de toutes sortes. La dépression. La fuite, mentale ou physique. Il faut prendre le taureau par les cornes une fois pour toutes. Il le faut, en tant que société. En tant qu’individu aussi.
Le doigt sur le bon bobo.
Il faut sensibiliser. De monsieur et madame tout le monde au personnel de santé. Il faut des diagnostiques réalistes et efficaces. Il faut de l’accompagnement. Du respect. Et de l’écoute. Beaucoup d’écoute. De la vraie, là!
Pour certains, un traitement chimique sera nécessaire. Je ne suis pas contre. Au contraire. Mais je crois sincèrement que la pilule miraculeuse n’existe pas. Il faut outiller les patients et leur entourage. Il faut des thérapies pour guérir et prévenir la récidive. De la rééducation. De l’éducation. Tout comme on ne règlera pas les problèmes de la faim en donnant du poisson, on ne règlera pas le fléau des maladies mentales par des pilules seules.
Faire le tour de la question.
Je suis toujours surprise du peu de développement autour du traitement des maladies mentales. J’aimerais entendre parler de plus de recherches sur les liens entre carences, dysfonctions physiques et fragilité mentale. J’aimerais entendre parler de groupes de travail qui accompagneraient globalement des patients et leur famille. J’aimerais voir que l’on considère l’humain comme un être de corps, de coeur et d’esprit.
Les démons n’aiment pas la lumière.
Je crois fermement que le bonheur nait de la lumière. Que les démons fuient la lumière. Je crois que la nuit n’est pas éternelle. Et que la douce lumière de la lune est assez étincellante pour nous assurer un minimum de sécurité. Je ne crois pas au miracle. Mais je crois qu’avec de l’amour et des efforts, on peut faire de grandes choses. Je crois aussi en la transparence et en l’honnêteté. Et en la résilience. Et j’ai espoir.
L’oeil de la tornade.
Je me suis faite prendre par surprise par un tourbillon. Un énorme tournbillon. Je me suis retrouvée dans le coeur de la tornade. Celui où la vision est limitée. Celui où le silence règne. Celui où l’on se sent bien bien seul. Mais voilà que le soleil est revenu. Il y a encore du ménage à faire. Des choses à reconstruire. Mais l’énergie de la cellule familiale est là pour ça. Ensemble, on est une équipe du tonnerre.
Alors, voilà. Je suis de retour. Pour de bon j’espère. Avec une tonne de choses à vous jaser. Et avec une grande impatience de lire vos commentaires et d’échanger. Joyeuses Pâques.
J’ai parfois l’impression que l’esprit de mon fils tdah (entre autres étiquettes 😉 ressemble à ce dessin de ton chum. De tout qui ne rime à rien, un fouillis ordonné. Une suite de débuts de projets sans but, sans fin.C’est parfois bien épuisant de le suivre.
On a eu récemment droit au fameux diagnostique (TDAH et TSA) pour mon mari, ça aura pris des années à dire qu’il n’allait pas bien avant que quelqu’un ne l’écoute, autre que moi. Le tabou, oui on en parle mais pas des vraies affaires à mon avis, la peur et la méconnaissance font parti du quotidien extérieur à la maison. Et c’est là que je vois qu’un rythme de vie effréné n’aidera jamais personne TDAH ou pas.
J’ai longtemps hésité à en parler. Nous avons chercher des ressources. Tellement chercher. On nous prend trop souvent pour des illuminés alors que l’on veut simplement des outils. Organisationnels surtout. Thérapeutiques aussi. On s’est refermés sur nous même pour ne pas nuire à nos carrières déjà fragiles. Puis, hier on a osé. Et les messages des gens nous touchent tellement. Enfin, on réalise que nous ne sommes pas seuls. Et que nous ne sommmes pas si loin dans le champs. Bonne chance à vous! Et bravo de vous soutenir.
Cette étiquette taboue. Méconnue par beaucoup, elle possède son lot de préjugés. Alors qu’auparavant les gens disaient que les personnes avec un déficit d’attention étaient simplement différents, mais n’auraient aucunement pensé que la source pouvait n’être que physiologique. Bravo de mettre en ligne un si bel article plein d’espoir. Il amènera peut-être une certaine conscientisation de notre société face à la perception de ces gens qui ne « fittent » pas dans le moule prédéterminé par nos dirigeants. Pour ma part, je suis en pleine restructuration de ma vision de la vie, de la société et de la quête vers le bonheur. J’en sais un peu plus grâce à ces abeilles si occupées. Bonne chance pour la suite.
Merci infiniment!