Notre école maison

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À première vue.

J’ai longtemps considéré notre choix éducatif comme un voyage. Une aventure dont l’itinéraire était planifié. Un chemin où l’on se devait de saisir, au passage, le plus grand nombre d’opportunités. Pour grandir. Découvrir. S’enrichir.

J’ai longtemps pris pour acquis que le bagage se devait d’être porté. Que JE devais le porter. Que mon enfant devait s’y entraîner. S’y habituer. Se faire à l’idée que cette charge fait partie de la vie. Que de porter la responsabilité et le poids de nos connaissances sur nos épaules venait avec les années qui passent.

J’ai longtemps pris pour acquis que la destinée prenait son élan dans une certaine continuité. Un angle préalablement tracé. Mesuré. Puis, au final…ça n’a pas tant marché! Du moins pas comme prévu. Et pas pour nous.

Jeter l’ancre.

J’ai fini par me fatiguer. Sous la lourdeur de tous ces bagages qui ne cessaient de s’accumuler. Sous l’instabilité qui vient avec le fait de ne jamais vraiment se poser. J’ai fini par avoir envie d’immobilité. De stabilité . De sentir, jour après jour, le même sol sous mes pieds.

J’ai alors décidé de mettre le voyage sur pause. Et même carrément de côté. J’ai décidé de jeter l’ancre plutôt que la serviette. De me donner le droit de continuer même si ça impliquait de tout remanier. J’ai décidé de construire une école maison. Bien fixée sur ses assises. Une école maison où le mouvement demeure présent. Sans être apparent.

Le terrain.

C’est par là qu’il fallait commencer. Trouver où s’implanter. Dénicher ce lieu précieux qui nous permettrait d’évoluer. Chacun à notre façon. Cette communauté qui nous offrirait l’espace et la liberté nécessaires pour s’accomplir. Un terrain fertile où l’on pourrait se définir. Où nos pensées pourraient vagabonder. Se transformer. Où notre école maison serait à même de s’élever.

Un terrain à la fois meuble et solide. Un sol pour se poser. Mais aussi pour cultiver. Un emplacement qui serait là, soutenant, pour nous porter à travers nos élans. Un lieu vivant et grouillant de tout ce qui permet de regarder vers l’avant. De ce qui donne la paix d’esprit qui, le temps venu, nous permettra de parcourir à nouveau ce monde vaste et grand.

Ce terrain il est intérieur. Évidemment. Il repose sur un travail sur soi. Sur un investissement, une mise faite sur notre clan. Ce terrain est composé des liens qui nous unissent à notre famille et à nos amis. Il est teinté de nos valeurs qui viendront inévitablement nous orienter. Ce terrain peut être déplacé. Mais il existe et prend sa force dans un contexte d’entièreté. Ce terrain est inébranlable quand tous les éléments qui le composent sont unifiés.

Ce terrain viendra nous guider. Dans l’adaptation aux contraintes qui vont inévitablement se présenter. Dans l’éventail des possibilités qui nous ferons rêver. C’est là où tout va commencer. C’est là que la suite va se concrétiser.

Le périmètre.

Puis vient le temps de creuser. De délimiter le périmètre dans lequel notre vie va, en grande partie, s’exprimer. S’élancer. Cet endroit où nous pourrons nous retrouver. Dans l’intimité. Pour prendre confiance. Pour grandir avec assurance. Ce périmètre qui va porter, par la suite, l’essentiel de ce que nous construirons. Personnaliserons. Ce périmètre qui définira l’espace dans lequel nous pourrons, à chaque fois que le besoin s’en fera sentir, nous retrouver. Dans un environnement connu et sécurisé.

Ce périmètre est ma planification annuelle. Celle qui me donne une vision d’ensemble. Celle qui délimite un périmètre confortable. Celle qui m’indique l’espace temps dont je dispose. Celui qui sera à meubler. Plus tard.

Couler dans le béton.

Ce périmètre n’est pas une prison. C’est une indication. Rien n’est immuable. Ce périmètre est défini pour être transgressé, comme toutes limites, quand le moment est arrivé. Ce périmètre sera de toutes façons enterré sous des murs perforés. Ce périmètre sera surplombé, de portes et fenêtres qui permettront cette perméabilité entre nous et le monde. Il n’y a pas à s’inquiéter. Les limites sont là pour sécuriser. Pas pour étouffer!

De couler ses assises dans le béton c’est surtout d’affirmer, haut et fort, à la vie le choix que l’on fait. C’est de montrer à la face du monde ce en quoi l’on croît. C’est de prendre pour acquis et d’assumer, qu’on y a droit. Que cette parcelle du monde nous revient. Établir ses fondations, élire domicile, ne nous ferme pas au monde. Au contraire, cela nous permettra d’accueillir ces personnes qui nous sont chères dans notre univers, dans notre école maison.

La planification annuelle permet tout ça. Elle permet d’accepter les imprévus sans y laisser sa chemise. Elle permet un point de ralliement s’il arrive qu’un où l’autre s’égare l’espace d’un moment. La planification permet de reprendre ses esprits. D’éviter l’égarement. Tout simplement.

Une école maison.

Nous y voici donc. Encore une fois. Un autre début d’année. Mais à chaque retour du balancier, je ressens un peu plus de légèreté. Non pas que le chemin soit tracé. Car il n’y a plus de chemin. Mais plutôt que nous connaissons maintenant le milieu que nous habitons. Il y aura quelques trucs à rafistoler, ici et là. Des meubles à bouger, des couleurs qui seront modifiées. Mais l’essentiel est là. Comme des bras enveloppants. Cette structure qui nous permet de s’élancer sereinement. Cette structure qui accepte qu’on s’y pose en ce moment.

Je vous souhaite de vous construire. De vous établir. Je vous souhaite de vous sentir en sécurité. D’oser rêver! Bonne année 2019-2020!

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