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Mon chien est mort

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C’était dimanche matin.

Un petit dimanche. Lendemain de jour de fête. Un peu toute croche. À cause du trop de sucre. Je suis capricieuse de même. Mon corps me fait la leçon à la moindre occasion. La veille, c’était la fête d’anniversaire d’Hélios. 7 ans. Il est déjà tellement grand. On a gardé ça simple. La famille. Quelques présents. Rien d’extravagant. Puis on est allé se coucher. À peine la nuit installée. Puis on a dormi sur nos deux oreilles.

On s’est donc levé. De bon matin. J’ai écourté ma douche. Inquiétée par les jappements du chien. Notre gros pataud est généralement le dernier à se lever. C’est un adepte de la grasse matinée. Mon chum va le chercher. Commence la routine. Un petit tour dehors. Les enfants me disent qu’il y a une drôle d’odeur…La cage est dans un piteux état….Une diarrhée magistrale de danois.

Le chien vomit ses croquettes. Mais revient compléter son petit déjeuner. Et là, ça a dégénéré. Évidemment, tout ça, ça se passe un dimanche. Quand les cliniques sont fermées. Quand les ressources locales sont limitées. Au téléphone, on nous parle de gastro. De virus. On nous dit de lui donner de l’eau.

Puis là, je lui en donne de l’eau. Puis là, il se met à vomir du sang. 1 fois. 2 fois. On appelle l’urgence. Le sang continue de couler. On se trouve un transport.  Parce qu’il est grand cet Anatole. Mon chum se rend en ville. Je reste avec les enfants. À tourner en rond. Dans mes tourments.

Noël 2018.

Décembre 2018. C’est là que tout a commencé. On venait d’acheter. On voyait nos rêves se concrétiser. On voulait aller de l’avant. On voyait grand. On voulait un chien. On avait établi nos critères. Nos besoins. On était sur le dossier. Sans être pressés. Puis un beau chiot s’est présenté. Il était parfait. C’était lui qu’il nous fallait.

Bienvenue Anatole. 

Anatole est arrivé dans nos vies. Il a rapidement pris beaucoup de place. Mais on y a mis l’énergie. Il nous a causé quelques ennuis. Quelques soucis. On s’est questionnés. On s’est inquiétés. Sur nos capacités. Sur les possibilités. De cohabiter. De conjuguer. Nos vies et celles de nos enfants encore petits. Avec lui. Si grand. Anatole le grand guignol. Avec sa spontanéité. Ses mouvements désorganisés. Son corps de géant. Son coeur d’enfant…

Grandir.

Puis Anatole s’est mis à grandir. À se définir. Par sa force. Par son impulsivité aussi. Un grand toutou sans malice. Mais avec lequel il était difficile de se faire complice. Un chien aimant. Mais toujours un peu hésitant.

À force de recherche nous avons trouvé. Probablement. C’est impossible à prouver. Que ce toutou aurait eu un début de vie disons…mouvementé. Qu’il serait né dans des conditions qui ne devraient pas exister. On s’est encore questionnés. Sur notre aptitude à l’accompagner. Au-delà de l’amour. Au-delà de nos efforts de tous les jours. Puis, on a décidé d’y croire. Et de foncer dans une nuit noire…

Éduquer.

C’est le pari que nous avons fait. Ce qui nous paraissait le moins risqué. D’éduquer. D’entraîner. Pour développer une complicité. Pour que les liens soient enfin tissés. Pour qu’on puisse enfin respirer. Un pari, oui. Que nous referions sans regret. Même si ce ne fût pas chose aisée.

On s’est informés. On s’est entourés (Merci De main de maître!). De gens qui y croyaient. Qui nous soutenaient. Quand l’envie de tout laisser tomber surgissait. Quand l’idée qu’on n’était pas la famille qui lui fallait. Quand, à la fin d’une journée, on avait envie de démissionner.

Puis le temps a passé.

dessin de chien

Puis les jours se sont suivis. Les semaines aussi. Les mois. 14. Et ce n’est pas rien entre vous et moi. On sentait qu’on y arrivait. Lentement. Mais sûrement. Que le contact s’inscrivait. Se gravait. Pour nous comme pour lui. Il y avait une lumière au bout du tunnel. Enfin, On l’entrevoyait. Même si pour le reste du monde rien n’y paraissait. C’était dans les petits gestes. Dans la finesse des contextes.

Comme j’ai dit plus tôt. 14 mois. Durant lesquels on s’est dépassés. Durant lesquels il a appris à nous accepter. 14 mois d’espoir. De devoirs. D’essais. D’erreurs. De bon vouloir. D’un côté comme de l’autre. 14 mois. Au bout desquels tout a pris le bord. Au bout desquels la vie a perdu le nord. Où elle s’est exprimée. Injustement. Où la mort a frappé. Violemment. Dans une marre de sang. Qui laisse derrière elle une tourmente étouffante. 14 mois. Au bout desquels mon chum est revenu. Laisse et collier en main. Sans ton gros nez de chien.

On ne saura jamais. Ce qui s’est passé. Pour que ce grand chien passe de la vitalité et la mortalité. Dans l’espace d’une nuit. Passée en toute tranquilité. On n’oubliera jamais. Cette grosse tête posée lourdement. Sur celle qui aura été sa maman. On n’oubliera jamais ce grand danois. Qui a quitté la maison, tête haute et regard franc. Pour ne jamais revenir. Mort au bout de son sang. On ne saura jamais ce que l’on a fait. Ce que l’on aurait pu faire. On gardera en tête tous les si et les mais. Longtemps. Il n’y a rien à faire.

Guérir.

Je me suis forcée à écrire. Pour tourner une page. Trop lourdement illustrée. Je me suis forcée à écrire. Pour m’obliger à me rappeler. Le petit pataud qui a passé dans nos vies. Celui qui était juste lui. Celui que nous avons appris à aimer. Et qui, finalement, nous l’aura bien rendu. Je me suis forcée. À fouiller dans mon coeur brisé. Pour accepter qu’Anatole fait parti du passé. 

Nous aurons d’autres animaux. Je le sais. Même si pour le moment j’aurais tendance à dire: pu jamais! Nous aurons d’autres animaux. Parce qu’au final, ils rendent notre monde tellement plus beau.

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