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(J51) Prête pas prête

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La normale.

On délimite la grossesse. 40 semaines, dit-on. On veut une norme. Une moyenne. Un cadre. Une référence. On sait tous que l’être humain n’est pas une machine. Et malgré tout on ne peut s’en empêcher. On se compare. Et bien souvent on a le bouton panique facile. On est pas assez. Un peu trop. On est jamais pile poil. Même si on est pourtant dans la zone cible.

Pareil pas pareil.

On sait qu’il n’y a pas deux enfants pareils. Mais on s’inquiète quand on ne vit pas une grossesse comme la précédente. On regarde nos courbes. Nos dossiers de suivi. On regarde d’anciennes photos. Puis on se demande si on fait tout ce qu’il faut. Si on fait tout comme il le faut. Ça semble inévitable. Les questionnements. Les doutes. Les craintes aussi. Ça devrait faire partie des symptômes de la grossesse.

Case départ.

Que ce soit le premier. Le deuxième. Le troisième. Alouette. On n’est jamais parfaitement confortable. On a beau faire confiance à notre corps. On a beau y croire de toutes nos forces. Se dire que ce bébé nous a choisi comme parents. Se dire qu’on va y arriver. Parce qu’on y est déjà arrivé. Par amour. Peu importe la raison. Il y aura toujours des moments où la confiance sera fragile. En fait c’est comme ça pour moi. Et j’ai l’impression de ne pas être la seule dans mon cas.

Suivi.

On a la chance de profiter de suivis professionnels. Peu importe que nos choix se portent vers un médecin. Ou une sage-femme. Et même si on choisit d’y aller sans assistance. On a la chance d’avoir le choix. Et c’est merveilleux. On a, à notre disposition, une panoplie d’outils. Qui tantôt nous informent. Tantôt nous protègent. Tantôt comblent notre curiosité. On a la chance d’en profiter ou non. Et malgré tout. On se rend bien compte que ce n’est pas tout. Qu’une grossesse c’est bien plus qu’un changement physique. C’est bien plus qu’un corps qui se construit. Que la grandeur du moment dépasse de beaucoup les chiffres. Et les mots. Et les images.

Construction.

Je disais donc. La grossesse est bien plus que le développement d’un petit être humain. C’est la naissance d’une maman. D’un papa. De frères et de sœurs. D’une famille. C’est la genèse des liens qui grandiront avec le temps. Qui s’enrichiront au fil des jours. Et de l’amour qui cimentera tout ça. C’est le début d’une grande aventure. Avec ce que ça entraîne de fébrilité. Et d’excitation.

Tranche de vie.

J’ai eu trois beaux enfants à ce jour. Tous en santé. Tous petits à la naissance. Tous nés en retard. Si on peut réellement parler de retard. 10 jours pour le premier. 5 jours pour le deuxième. Et 13 pour la petite derniere. J’ai beau me dire à moi-même qu’une grossesse c’est 42 semaines dans mon cas. J’ai beau ajouter 2 semaines à ma dpa quand mes proches me demandent c’est pour quand. J’ai beau tout faire pour me concentrer sur l’essentiel. Il y a toujours une pointe d’insécurité qui arrive à la date fatidique. Une envie d’en faire plus. Une envie de trouver LA méthode qui fera naître l’enfant tant attendu. Qui rendra le tout facile. Parfait. Conforme. 

Et si…

Cette grossesse est ma dernière. C’est un fait. On est enfin en paix avec la question de notre descendance. Après des années de questionnements. On a trouver notre équilibre. Et c’est merveilleux. Mais en même temps j’ai une envie profonde de faire de ce moment un havre de paix. De favoriser mon intériorité de femme. Et de maman. De partager chaque moment d’intimité avec mes proches. D’impliquer mes enfants. D’en faire un événement.

Cet équilibre me donne aussi envie de faire un retour en arrière. De comprendre le pourquoi du comment des précédentes grossesses. D’essayer de reproduire ce qui a bien fonctionné. D’éviter de répéter ce qui a mener à des difficultés. Ce qui a provoqué des blessures. Qui ont parfois été longues à guérir.

Puis je me suis longuement questionnée.  Sur le pourquoi de ces longues attentes. De ces dépassements de dates. Disons le comme ça. C’est absurde. Mais on se comprend.  Et je me suis dit…et si ce n’était pas bébé qui tardait à être prêt . Et si c’était moi?

Je m’explique.

Et si c’était mes craintes qui freinaient la vie. Et si mes hésitations empêchaient le cours naturel des choses. Et si ce bébé attendait tout simplement que je sois prête. À l’accueillir. À lâcher prise.  À lui faire de la place. La place qui lui appartient. Qui lui revient.

Et si cette attente représentait en fait le temps nécessaire à construire la mère. Plutôt que l’enfant. Et si ce temps supplémentaire était en fait un cadeau. Un extra. Pour peaufiner ce qui reste encore un peu brut. Pour ajouter du confort. De la confiance. Pour que le moment venu. Tout soit plus facile. Plus doux. Plus centré sur l’essentiel.

Maintenant.

J’en suis maintenant à 34 semaines et des poussières. Officiellement. Je suis dans ce que j’appelle le dernier droit. Celui où la fatigue se fait sentir. Celui où le corps n’en peut plus. Celui où la motivation demande parfois des efforts. Mais aussi celui où l’on voit de pointer une silhouette. Encore pâle et floue. Mais elle est bien là. Définissant ce qui nous attend à l’horizon.

Je ne sais pas si toutes ces révélations changeront la tradition. Mais peu importe. Je sais que je ne serai pas perdante. Je sais que ce luxe introspectif que je m’offre est un immense cadeau. Pas une gâterie extravagante. Mais plutôt une immense bouffée d’oxygène. Le genre de truc essentiel à la vie. Mais qui fait tellement de bien.

Route, road.
Apprécier la route
Post scriptum.

Je ne suis pas sage-femme. Ni accompagnante. Juste une maman. Passionnée de tout ce qui entoure ce prolongement de la vie. Et reconnaissante à l’extrême d’avoir pu vivre tout ca. 4 fois maintenant. Et c’est avec mon expérience de maman que j’ai envie de vous dire. Profitez. Savourez. Respirez. Prenez le temps. Ressentez. Faites-vous confiance. Donnez-vous des chances. Appropriez vous le moment. Quitte à sortir du cadre. Un peu. Juste assez.

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